La dialectique serait-elle passée de mode — avec le marxisme ? Pour admettre cette thèse, il faudrait admettre également qu’il y eut un mode de penser dialectique. A coup sûr, le marxisme suscita à certaines époques (vers 1956, vers 1968), un engouement dans les milieux intellectuels et universitaires qui débordait de beaucoup les spécialistes de Marx et les cercles politiquement intéressés. Ceci avant la « crise du marxisme » qu’il ne faut pas confondre avec la fin d’une mode. Mais la dialectique ? Il n’est pas assuré, aujourd’hui, qu’elle ait bien « pris », qu’elle se soit bien greffée sur une tradition cartésienne éprise d’une certaine clarté et d’une évidence qui se situe au début du raisonnement. Alors que la pensée dialectique avance, parfois se modifie et change en cours de route et ne trouve son déploiement qu’à la fin. Pourtant la dialectique continue. Comme tendrait à le prouver la réédition de ce livre, qui cherche sans le dissimuler à enseigner la dialectique, c’est-à-dire la démarche (méthode) qui, sans abolir la logique, mais sans rester dans ses limites, analyse les contradictions dans le savoir et les conflits dans la réalité. La pensée dialectique s’avère alors plus souple, plus affinée que la simple logique et que la théorie des évidences dans la pensée distincte et claire.