La première traduction de Laurent de Premierfait a obtenu un succès tardif : des sept manuscrits qui nous conservent aujourd'hui le texte de 1400, deux seulement dateraient du premier quart du XVe siècle : il s'agit de Paris, BNF, fr. 24289 et Bruxelles, KBR, ms. IV 920. Ce constat se dote d'une dimension supplémentaire lorsqu'il est mis en parallèle avec le succès retentissant de la version de 1409, que notre traducteur offre au due de Berry.
Le témoignage des soixante-douze manuscrits parvenus jusqu'à nous laisse planer peu de doutes sur le succès de cette nouvelle rédaction. Chose certaine, le succès que le Des cas des nobles hommes et femmes de 1409 paraît obtenir au XVe siècle aux dépens de sa version originale de 1400 semble encore aujourd'hui avoir raison de la critique, car force est de constater que la première traduction de Laurent de Premierfait a retenu bien peu d'attention ; il demeure que ni l'une ni l'autre version de ce texte n'a connu d'édition complete depuis le XVIe siècle.
Ce travail de recherche a espéré pallier cette lacune critique en faisant le travail qui s'imposait sur la tradition manuscrite de la traduction du De casibus ; à la suite de ces travaux préliminaires, dont nous rendons ici compte, il a été possible de trancher pour une édition critique basée sur le manuscrit Paris, BNF, fr. 24289 — il s'agit de celui qui, au stade actuel de nos connaissances, conserve le texte le plus proche de l'original latin de Boccace, et donc vraisemblablement de la première rédaction de Laurent de Premierfait. En annexe, un index onomastique exhaustif se propose comme un outil de travail pour d'éventuelles analyses littéraires et la recherche sur les sources ; enfin, un glossaire sélectif, présente à la fin, offre un apercu de la langue du traducteur et de son projet de traduction : il permettra peut-être aux lexicographes d'y faire leur miel....