L'ethnogenèse d'un État-nation
Du rêve inachevé de renaissance byzantine à la création de la Grande Roumanie
Description:... Le présent ouvrage se propose de mettre en lumière deux phénomènes historiques, lesquels, avantageusement complémentaires, ont contribué au succès de l’Etat roumain moderne. D’une part, du point de vue de l’élite, l’histoire des Phanariotes (leur parcours triomphant aux XVIIe-XVIIIe siècles, dans le cadre de l’Empire ottoman - y compris dans les principautés de Valachie et Moldavie -, jusqu’à la chute brutale de 1821) est à l’origine des mentalités du milieu social et culturel où plongent les racines de la pensée politique roumaine, cette “façon politique” à la fois souple et pragmatique, et surtout formidablement efficace. Le berceau de la fabrique politique et diplomatique roumaine a été promené dans les jardins de Constantinople, où les contraintes du système turco-phanariote ont développé les capacités intuitives d’une future élite particulièrement apte à la manoeuvre et à la survie. D’autre part, d’un point de vue social plus étendu, de larges vagues de migrations aroumaines - pour partie bulgares, macédo-slaves, albanaises -, en provenance d’une péninsule balkanique baignant dans la culture grecque moderne, se sont intégrées, sans encombre, à la bourgeoisie en cours de formation dans les Principautés, et cela en raison même d’une osmose familière entre la parenté ethnique-linguistique roumaine et le substrat culturel grec, fondement de leur future assimilation à l’identité roumaine. L’optimisation réciproque des deux phénomènes repose sur leur commune combinaison d’éléments roumains et grecs, favorisée par les conditions historiques prévalant au sommet de l’Empire ottoman et dans la vie des populations de la péninsule balkanique. À ces circonstances favorables, ajoutons encore l’excellente capacité d’accueil des Principautés, encouragée par la thèse de l’origine daco-romaine embrassée par l’intelligentsia roumaine de Transylvanie et diffusée au-delà des Carpathes.
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