La Santé des populations civiles et militaires
nouvelles approches et nouvelles sources hospitalières, XVIIe-XVIIIe siècles
Description:... La prise en charge sanitaire des populations militaires par des services laïcisés et médicalisés est envisagée sous l'angle quantitatif et statistique, d’une part avec une enquête d’épidémiologie historique menée à partir des registres d’admission à l’Hôtel Royal des Invalides de 1670 à 1791, d’autre part avec l’analyse des statistiques médicales réunies entre 1854 et 1867 à l’hôpital de la marine de Rochefort, un modèle du genre, sur les 30 000 habitants –civils et militaires-, de la ville. On découvrira. la complexité de la relation médecin/patient-soldat dans les troupes du Second Empire qui mêlaient contingents métropolitains et unités « indigènes » d’Algérie, du Sénégal, du Darfour, de Cochinchine, mais aussi le rôle du savoir médical dans l’exercice de la gouvernance coloniale. Parmi les pratiques thérapeutiques mises en œuvre par l’institution militaire au XIXe siècle seront évoqués le modèle - très imité-, du thermalisme militaire français et l’organisation des services de santé britanniques et français durant la guerre de Crimée (1854-1856).
Des perspectives sanitaires nouvelles s’ouvrent aux populations du XVIIIe siècle, comme l’illustrent l’exemple de la réception et de la promotion du quinquina, la fameuse « poudre des Jésuites », ou le portrait d’Etienne-François Geoffroy (1672-1731) , praticien, enseignant, académicien et doyen de la faculté de médecine, une figure emblématique des liens unissant alors science, diffusion du savoir et pratique. Fin XIXe siècle, la population parisienne, qui perçoit les améliorations médicales, hésite de moins en moins à recourir aux services des hôpitaux de la capitale, ainsi que le révèlent les données consignées dans leurs registres d’entrées. En effet, l’institution hospitalière civile a connu de profondes transformations du XVIIIe au XXe siècle, à la manière des hôpitaux mauriciens de charité du Val d’Aoste, qui se métamorphosent en gestionnaires de malades aux XVIIIe et XIXe siècles, opérant une distinction « révolutionnaire » entre malade et indigent. En France, l’hospitalisation privée sous toutes ses formes –services payants des asiles charitables et des hôpitaux confessionnels, cliniques privées, cliniques mutualistes-, représente déjà un élément important du paysage hospitalier fin XIXe-début XXe siècle. Poussées par la concurrence qui règne entre elles et avec les hôpitaux publics, toutes tentent d’attirer les meilleurs chirurgiens et d’ouvrir des services spécialisés utilisant des techniques de pointe. Ce bouleversement des structures thérapeutiques favorise l’expression d’une sensibilité « sanitaire » du public, qui se manifeste dans les lettres de plainte, adressées, dès le XIXe siècle, par les malades et/ou leurs familles aux différents acteurs et responsables du milieu hospitalier parisien.
Après les travaux majeurs qui, depuis deux décennies, ont attiré l’attention des chercheurs sur la construction des politiques laïques de santé publique et la médicalisation de l’hôpital, cette série d’études récentes vise à retracer les mutations des structures de soins traditionnelles et à saisir le regard des populations sur les formes nouvelles d’assistance sanitaire, à travers des sources inédites et des méthodes novatrices.
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