A l’issue de quelques mois d’intenses travaux, et au moment où s’achève la rédaction du présent rapport, qui tente de brosser la synthèse la plus objective possible des informations recueillies auprès des personnes auditionnées, la rapporteure Françoise Dumas doit fait état d’un sentiment paradoxal.
D’une part, les échanges de vue approfondis et passionnants qui ont rythmé les auditions montrent que tous les intervenants sont pleinement mobilisés pour répondre aux défis auxquels est confronté le monde associatif, notamment dans le contexte de crise qui prévaut depuis plusieurs années. Cela ne signifie pas pour autant que les identités de chacun ou les intérêts propres à chaque institution se sont tout d’un coup effacés : l’État ne va pas transformer subitement sa politique budgétaire ; il ne faut pas s’attendre à une réduction drastique de la commande publique ; les réticences de certains au développement des ressources propres et du mécénat d’entreprise ne vont pas disparaître dans un grand soir consensuel des modèles socio-économiques associatifs, etc. Mais, semble-t-il, chacun a pu prendre conscience que l’urgence impose de faire bouger les lignes et de sortir des attitudes convenues.
D’autre part, le tableau qui a été présenté des difficultés associatives et des pistes évoquées comme moyen de les surmonter laisse un certain goût de « déjà vu ». Si l’on prenait la peine de compiler les rapports consacrés aux associations
– émanant des administrations, du monde associatif, du Parlement, etc. – parus depuis une quinzaine d’années, il est très probable que la nouveauté du présent rapport deviendrait très relative. Pourquoi donc l’histoire paraît-elle bégayer ? Qu’est-ce qui, dans les relations entre la puissance publique et les associations, semble empêcher les bonnes volontés de donner tout leur sens à des mots comme « simplification » ou « partenariat » ?
Le premier chapitre, dresse un portrait du monde associatif, dont les grands traits sont bien connus : plus de 70 000 créations d’associations chaque année depuis 2002-2003, près de 1,3 million d’associations en activité, même si l’on a du mal à connaître précisément le nombre de celles qui sont « mises en sommeil ». Le poids économique du secteur est important – peut-être en a-t-il surpris plus d’un –, puisque le budget annuel total des associations atteint 85 milliards d’euros, soit 3,2 % du PIB.
Le chapitre II, consacré aux perspectives financières, fait état de l’inquiétude qui commence à saisir de nombreux acteurs. Il ne faut pas se voiler la face : la situation financière des associations est de plus en plus tendue et les situations de cessation de paiement se font plus nombreuses. La menace est particulièrement forte pour les associations « moyennes », c’est-à-dire celles qui ont des salariés et un budget de quelques dizaines de milliers d’euros.
Le chapitre III, consacré aux ressources humaines, évoque la situation des dirigeants bénévoles, des éventuels salariés et des bénévoles de terrain. Les auditions ont révélé que chacun des acteurs de l’association souffre en réalité des mêmes évolutions : la complexité administrative de la gestion associative les détourne de leur projet initial ; il leur est difficile, voire impossible, de se former et de se professionnaliser, faute de fonds ; et la crise économique crée des incertitudes, ce qui limite les recrutements et freine l’engagement.
Le dernier chapitre du rapport s’intéresse à « l’économie politique » du monde associatif. Dans un premier temps, il explore le terrain des relations entre la puissance publique et les associations et dans un second temps, les mutations en cours du monde associatif.