La place Rouge est le lieu mythique, visité et redécouvert par Simon, personnage de ce récit.
Tout commence par une soirée, pas comme les autres, en 1935, lors de la projection de ce film, Le Cuirassé Potemkine, d’Eisenstein. Lors de cette soirée à laquelle assiste André Gide, éclate un événement, mais cet événement n’est rien moins qu’une idée : l’idée de la révolution.
Dans l’orbe de cette idée gravitent Simon Bordes, Cazaux, Sacha, Prévôt, Camille, Paulette et, après le drame de la Seconde Guerre mondiale, Justine, qui redeviendra Laurence, et d’autres encore. Nous percevons dès les premières pages, indépendamment de l’attachement que nous pouvons éprouver pour tel ou telle, que le “personnage” de ce roman c’est l’Histoire. Comme Les Communistes de Louis Aragon, ou Beau Masque de Roger Vailland, ou Antoine Bloyé de Paul Nizan, La Place Rouge est un roman historique qui ose à la fois représenter des militants politiques et évoquer notre moderne tragédie : la politique.
Rendant compte de ce livre en 1963 dans Les Lettres françaises, Aragon écrivait :
“... Un jour, quelqu’un rendra justice à l’écrivain, à cette intensité de la voix et d’un cœur qui devait se briser, où déjà se sent la fêlure. Un jour, quand sera retombé le brouhaha des livres d’artifice, quand on se taira de toute cette littérature à effets, après que se sera fermée la Foire sur la place...”